Ministère de la Communauté française de Belgique 


l'art même
#14
 
 
LE STATUT DE L'ARTISTE EN BELGIQUE :
INSÉCURITÉ JURIDIQUE ET SOCIALE
DANY DEVOS 1 ET YASMINE KHERBACHE 2
 

LE SECTEUR CULTUREL EST L'UN DES SECTEURS DONT LA CROISSANCE EST LA PLUS FORTE, ET QUI GÉNÈRE DES PLUS VALUES IMPORTANTES : EMPLOI, COHÉSION SOCIALE, CRÉATION D'UN PATRIMOINE CULTUREL DIVERSIFIÉ, FORCE D'ATTRACTION TOURISTIQUE, DE DÉVELOPPEMENT D'INDUSTRIES CULTURELLES ÉNORMES. CETTE CROISSANCE EST EN CONTRASTE CRIANT AVEC LA SITUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE ENCORE TOUJOURS PRÉCAIRE DE L'ARTISTE.

 

Avec la croissance et la globalisation de l'industrie culturelle, la dépendance socio-économique s'est fortement accrue ces dernières décennies. Les artistes sont de plus en plus dépendants des sociétés de production, des éditeurs, galeries, média, etc, pour pouvoir produire, promouvoir, distribuer ou exploiter leurs créations artistiques. De par leur dépendance grandissante et leur situation financière précaire, les artistes n'ont qu'une faible position de négociation et sont, de ce fait, trop souvent confrontés à du dumping social, des sous ou des non-paiements, des violations de leurs droits d'auteurs, etc.

INITIATIVES GOUVERNEMENTALES

Depuis l'introduction du régime pour les artistes du spectacle en 1969 (le salariat fictif), des dizaines de propositions ont été faites pour améliorer le statut de l'artiste, ayant presque exclusivement trait aux artistes du spectacle. Sur 30 ans, seule une proposition politique a été introduite concernant l'amélioration du statut social de tous les artistes. Avec la nouvelle législature datant de juin 1999, l'amélioration du statut des artistes a été reprise expressément dans l'accord gouvernemental. En exécution de cet engagement, un groupe de travail interministériel a été chargé d'élaborer des propositions concrètes sur base d'un rapport d'enquête pluri-universitaire. Après deux ans d'activité au cours desquels les associations d'artistes au sein de la Plate-Forme Nationale des Artistes ont été régulièrement entendues, les premiers plans d'amélioration du statut des artistes ont été présentés en mai 2001. Les points de départ témoignent d'une vision ouverte et pragmatique de la problématique :

  • Approche intégrée: le groupe de travail interministériel s'est, semble-t-il, accordé sur le fait qu'une division artificielle entre artiste créateur et interprète n'est pas une bonne base de départ pour l'élaboration d'un statut pour l'artiste;
  • Extension du régime général de sécurité sociale (des salariés) à tous les artistes et élaboration de critères objectifs d'exception pour les artistes désirant le statut d'indépendant;
  • Allègement des tracasseries administratives par la création de structures intermédiaires gérant le traitement social et fiscal de transactions artistiques;
  • Diminution des cotisations sociales et élaboration d'alternatives de financement pour la sécurité sociale des artistes selon le modèle allemand;
  • Elaboration de modèles de contrats qui favorisent et simplifient le traitement administratif d'une activité artistique.

Dans l'attente des conclusions finales du groupe de travail interministériel, la Ministre de l'Emploi et du Travail, Laurette Onkelinx a déjà apporté des modifications à la réglementation du chômage. Depuis le 01.01.2001, l'exercice de l'activité artistique durant le chômage est autorisé de façon limitée. L'intention était de tempérer la répression à l'égard des chômeurs artistes. L'idée de base des nouvelles règles consiste à ce que l'activité artistique non-commerciale soit autorisée sans obligation de déclaration préalable. Pour l'activité artistique commerciale, différentes règles existent, selon le caractère créatif ou d'interprétatif de l'activité. En pratique, cette division a déjà conduit à des problèmes d'application et des malentendus. Ainsi, une activité artistique créatrice commerciale n'est compatible avec le chômage que si elle est accessoire et si elle a été déclarée préalablement. Or, il n'y a pas de critères objectifs pour juger du caractère accessoire ou non de l'activité. Un artiste créateur est donc dépendant du jugement discrétionnaire de son bureau de chômage quant à sa protection sociale.

Bien que ces mesures constituent un progrès important pour la liberté d'expression et l'épanouissement de la créativité, elles ne sont pour autant pas un premier pas vers un meilleur statut social de l'artiste. Elles ne disent, par exemple, rien au sujet de nombreux artistes pour lesquels les conditions d'accès au chômage sont irréalisables ni sur le fait que les artistes se voient trop souvent proposer des boulots sans rapport avec leur qualification artistique (et qu'ils doivent accepter sous peine d'exclusion). En plus, l'expérience de terrain nous fait constater que, malgré les bonnes intentions, l'information n'est toujours pas mieux diffusée et que la confusion règne tant au niveau des organismes de paiement que des bureaux de chômage.


Enfin, les ministres de la Culture des Communautés flamande et française, Bert Anciaux et Richard Miller se sont expressément manifestés dans le débat sur le statut de l'artiste. Les législations sociale et fiscale étant de compétence fédérale, ces ministres avaient jusqu'ici observé une position de réserve. A tort, car les artistes ont manqué là d'un allié important dans la discussion politique sur leur statut. Dans une prise de position commune en avril 2001, ces ministres ont pressé leurs collègues fédéraux de s'occuper d'améliorations concrètes du statut des artistes. Leurs suggestions sont dans le droit fil de celles ébauchées par le groupe de travail interministériel. Cette prise de position commune n'est pas sans importance car une des raisons de la lenteur dans l'évolution du dossier statut de l'artiste a été la divergence de vue entre le nord et le sud de la frontière linguistique avec pour résultat un long immobilisme qui, espère-t-on, prendra bientôt fin.

 


PLUS TÔT TE LAAT
COLLECTIF D'ARTISTES ET DE CHÔMEURS
MAISON D'ÉDITION POTENTIELLE INSTALLÉE DANS LE BUREAU DE POINTAGE DE SAINT-JOSSE

Bureau de pointage=lieu institutionnel de passage obligé
Que cette obligation devienne productive
Que la traversée se fasse résidence
Que le Symbole de notre inactivité forcée se transforme
en lieu de travail


 

A titre illustratif,
quelques adresses à visiter
en matière de pratiques activistes

Plus Tôt te Laat, asbl
(COLLECTIF D'ARTISTES ET DE CHÔMEURS/
MAISON D'ÉDITION POTENTIELLE)
23, rue du Méridien, 1210 Bruxelles,
T +02 220 26 62 - E-mail: pttl@netcourrier.com

V.O.X. Video Organisation for X
(INITIÉ PAR CITYMIN(E)D, NOVA, POLYMORE FILMS)
44, rue des chartreux, 1000 Bruxelles
T +02 779 59 00

Centre Nerveux/Simili Théatre
(CENTRE DE RENCONTRES INTERCULTURELLES)
8, rue de Franquenies
1341 Ottignies-Louvain-La-Neuve,
T +010 41 96 97 - E-mail: centrenerveux@o-rg.org

La Clef des Champs
53, rue de Mérode, 1000 Bruxelles,
T +02 512 03 01 - E-mail: bendyglu@freegates.be

Aden
(CHRONIQUES DE LA CRITIQUE SOCIALE COMME ART DE VIE)
Site: http://users.skynet.be/aden-news-inscription
E-mail: gitamaison@skynet.be

Barricade
(CENTRE CULTUREL ALTERNATIF)
19-21, rue Pierreuse, 4000 Liège
T +04 222 06 22 - E-mail: barricade@skynet.be

Protesta
(COLLECTIF DE DIFFUSION SONORE)
171, Boulevard Lemonnier, 1000 Bruxelles,
T +02 504 01 65 - E-mail: protesta@wol.be
Site: http://www.collectifs.net

Syndicat potentiel
Strasbourg: 13, rue des Couples, 67000 Strasbourg
X. Fourt: T +33 06 63 70 82 21
L.Bonaccini: T +33 06 86 77 48 06
J-F Mugnier T +33 03 88 37 08 72
Paris: Cité Internationale des Arts
T +33 01 42 77 74 51
E mail: syndicatpotentiel@noos.fr
Site: http://syndicatpotentiel.free.fr

Ne pas plier (Fr)
(COLLECTIF DE GRAPHISTES UTOPISTES/
EPICERIE D'ART FRAIS)
BP3, 94201 Ivry Cedex
E-mail: nepasplier@wanadoo.fr
Site: http://www.nepasplier.com

Théâtre le Café
(CLAUDE SEMAL)
158, rue de la Victoire, 1060 Bruxelles,
T +02 538 75 24 - E-mail: lecafé@wanadoo.be
Site: http://www.lecafe.be

Le Groupov
(CENTRE EXPÉRIMENTAL DE CULTURE ACTIVE)
26-28, rue Bois-L'Evêque, 4000 Liège,
T +04 253 61 23 - E-mail: groupov@swing.be

A suivre…

 

1. Danny Devos, artiste, Commissaire Social du NICC. RETOUR

2.Yasmine Kherbache, avocate, Conseillère juridique du NICC. RETOUR

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