Opérante depuis mars 2001 au départ
de quatre plate-formes internationales de débats sur les
questions de démocratie non réalisée (Vienne),
de justice de transition et de processus de réconciliation
(New Delhi), de créolité (St Lucia) et d'urbanité
africaine (Lagos), cette édition, éclatée au
plan spatio-temporel, rompt ainsi avec la primauté de l'exposition
conçue et à appréhender dans la foulée
de ces forums discursifs. Le principal enjeu de cette Documenta
11 étant, selon les propos de son commissaire, "de rechercher
des formes d'interprétation convaincantes quant aux modalités
utilisées par l'art, les artistes, les intellectuels et autres
activistes afin d'intervenir dans les champs de l'art, de la culture
et de la politique, en usant d'une logique critique". En d'autres
termes, s'énonce ici une conception qui insiste sur la fonction
réflexive de l'artiste en nos sociétés, et,
partant, sur la nature critique et discursive de son uvre
qui, au-delà du simple témoignage, propose un véritable
outil d'intellection du monde.
A souligner encore, et l'on
ne peut que s'en réjouir, la participation plurielle, sous
représentation de la Communauté française,
de Chantal Akerman, Joëlle Tuerlinckx et Pascale Marthine
Tayou, rompant, elle aussi, avec le caractère par trop
nationaliste des représentations et confirmant, comme souvent
en ces colonnes, l'intérêt croissant porté
par le monde culturel à la multiculturalité qui
en tisse le creuset.
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