ETAT DES LIEUX
Diffusion
Par essence, le net-art se crée et se diffuse sur l'internet.
Les artistes se sont donc organisés eux-mêmes pour
créer leur espace de diffusion, via des sites perso, des
galeries virtuelles et des sites de communauté: lieu de présentation
des uvres, mais aussi d'échanges de savoir technologique
et d'information sur l'actualité du secteur. Les arts électroniques
liés à une représentation physique (vj's, installation
3D, performance interactive) ont quelques lieux pour montrer leurs
productions: Nadine, Centre d'Art Ixelles, seul endroit avec une
programmation régulière en matière d'arts électroniques;
le Petit Théâtre Mercelis, Ixelles, équipé
pour monter des spectacles incorporant les nouvelles technologies;
Recyclart, le Beurschouwburg et le PASS lors des festivals Netdays
Wallonie-Bruxelles, KFDA (KustenFestivalDesArts) et VIA. Pas d'art
digital dans les collections du Mac's, les centres culturels, les
galeries privées. Quelquefois de la photo numérique
retravaillée grâce à Photoshop ou de la danse
sur fond d'images 3D.
Production
Plus encore que le cinéaste, l'écrivain ou même
le plasticien, le créateur électronique se trouva
fort dépourvu quand le devis de production fut venu! Pas
d'aide publique pour créer et gérer un serveur web,
pas de commission d'achat pour les installations 3D, pas d'aide
à la production de web movies, ... Néanmoins, quelques
associations, subsidiées de façon symbolique, ont
vu le jour:
Transcultures, association transdisciplinaire de la Communauté
Wallonie-Bruxelles, en charge du volet francophone de l'initiative
Netdays Europe, transformé en festival des arts électroniques.
http://www.transcultures.net
iMAL, Interactive Media Art Laboratory, curateur de CONTinENT,
exposition d'oeuvres électroniques lors de Bruxel 2000; producteur
exécutif du cd-rom "La plante en nous" de Michel
François, organisateur de workshops ("hackers techniques",
"Max + Live Video" ) et de concerts/ performances audio-video.
http://www.imal.org.
Constant vzw, association pour les arts et les média,
soutenue par la Communauté flamande, centrée sur la
critique des technologies et la redéfinition des identités
sociales et culturelles dans la société de l'information.
Depuis 1997, Constant organise le festival Verbindingen/
Jonctions dans le cadre du KFDA. Un festival thématique qui
combine uvres en ligne, conférences, spectacles,workshops,
documentation. L'association poursuit un travail d'analyse sur les
thèmes du cyberféminisme, de la propriété
intellectuelle et du droit d'auteur, de la liberté d'expression
sur les réseaux.
http://www.constantvzw.com
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TAMARA LAÏ : http://users.skynet.be/tamara.lai/solenoides/solenoide7.htm
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POURQUOI LES DÉCIDEURS ET LES ARTISTES SONT TECHNOPHOBES
Au vu de l'activité et des structures existantes en Allemagne,
en Autriche, en France, dans les pays scandinaves, aux Etats-Unis,
en Hongrie ou aux Pays-Bas, force est de constater que les décideurs
culturels et les artistes de notre communauté sont plutôt
technophobes. Technophobes par ignorance, ce qui est sans doute
la pire des raisons.
Petit tour d'horizon des champs à défricher;-) pour
le néophyte:
- Identifier les artistes : autodidactes par défaut
(pas de section "arts électroniques" dans les écoles
d'art), les artistes électroniques émergent de nulle
part. Sans pratique du réseau, il devient difficile de les
repérer! D'autant plus qu'on ne sait pas toujours très
bien qui est l'artiste. Sur le web, l'uvre mise en ligne est
souvent le résultat d'une mise en commun de compétences
(programmeur, web designer, concepteur, sound designer, ...), sans
oublier les nombreux projets participatifs où l'uvre
est refaçonnée en permanence par les actions, les
réactions, la créativité des internautes...
ou des machines.
- Identifier les uvres : les arts électroniques
ont cet attrait extraordinaire que leurs outils se perfectionnent
en permanence. Ce qui exige, il est vrai, la connaissance de ces
technologies et un suivi des (rapides) évolutions. Sans ce
bagage, impossible de faire les bons investissements ou d'évaluer
la faisabilité technique d'une uvre. La nature même
des propositions artistiques est intimement liée à
l'évolution des possibilités technologiques mais aussi
à la "culture électronique": une culture
du temps réel, du partage d'informations, de la critique
des enjeux politiques des technologies de communication... et du
download à gogo. Une culture à expérimenter
d'une seule façon: surfer le web. Software art, littérature
participative non-linéaire, web movie, genetic art, animation
flash, generative art, installation multimedia, performance audio-video...
les arts électroniques déploient une palette bâtie
sur la transversalité entre les disciplines artistiques (musique
électronique, web design, littérature, photo et vidéo
numérique, danse, narration multimédia, radio-art,
réalité virtuelle, animation), les domaines de compétence
(computer science, robotique, sociologie, activisme, hacking, science-fiction,
jeu video, architecture) et les générations (comme
souligné par le célèbre statement "nobody
knows you're a dog on the internet", les individus ont appris
-via le réseau- à se rencontrer sur leurs intérêts
communs et pas selon les critères sociaux de la "vie
réelle") . Comment évaluer la pertinence des
uvres et des projets sans pratique de cette culture émergente?
- Redéfinir l'uvre comme un moment d'espace-temps
: depuis le happening, le caractère éphémère
de l'uvre d'art, on connaît ça. Heureusement
pour les historiens, les traces photographiques ou vidéos
sont nombreuses. Le cas des arts électroniques est plus complexe:
le net-art est éphémère de par la structure
nomade du web (l'uvre est liée à la vie du serveur
qui l'héberge), les spectacles multimédia -immersifs
par nature- sont de moins en moins "captables" en video
et surtout les créateurs ont peu la volonté de figer
l'uvre, de la "conserver en l'état". Dans
une culture du flux et de l'hybridation, l'expérience prime
sur le produit ou la possession de l'objet. Les uvres électroniques
virtuelles, bâtardes et éphémères sont-elles
"patrimoinisables" aux yeux de nos institutions?
- Inventer de nouvelles formes d'événement
: montrer, ou plutôt faire partager les uvres électroniques
exige réflexion et imagination. Ces manifestations, aujourd'hui
rarement réussies du point de vue du grand public, doivent
parvenir à allier participation réelle des spectateurs
(et pas un vernis "interactif" tellement trendy aujourd'hui),
ouverture vers l'information du grand public (et reléguer
aux oubliettes cet élitisme induit des milieux de création
contemporaine qui fait de celui qui ne comprend pas le "concept"
-alors qu'il s'agit dans le meilleur des cas d'un processus- un
imbécile coupable) et diversité des disciplines et
des moments (monstration, conversation, participation) au sein du
même événement. Un grand "mix" qui
reste à imaginer, des années après l'expérience
malheureuse du Cyberthéâtre à Bruxelles.
CONCLUSION : Tout sauf rejouer le scénario catastrophe
de l'art vidéo.
Issu de la technologie du médium de masse le plus puissant
de l'histoire de l'humanité, l'art video -par manque de communicateurs-
n'a su trouver ni son public ni ses moyens de diffusion. Aujourd'hui,
en 7 ans, l'internet est entré dans 500 millions de foyers,
il aura fallu XX années à la télévision
pour...
L'ampleur du phénomène montre assez le cheminement
laborieux qui reste à effectuer par les artistes et les décideurs
culturels afin qu'ils ne ratent pas le rendez-vous avec le public,
les technologies et le nouveau paradigme qu'elles génèrent.
Aujourd'hui, fait rarissime, les artistes sont face à une
panoplie d'outils qui ne sont qu'à l'aube de leur développement.
Les richesses d'expression des nouvelles technologies sont un champ
d'investigation vertigineux; l'imaginaire pouvant même canaliser
la direction des recherches, comme -par exemple- à l'Ars
Electronica Center de Linz où scientifiques, artistes et
industriels concentrent leurs recherches sur le sens du toucher
dans les interfaces homme/machine.
Via l'internet, la téléphonie mobile, le jeu video,
l'email et le commerce électronique, le public vit et invente
jour après jour ce nouvel ordre de représentations,
ce nouveau rapport à l'espace/temps, à la propriété
artistique (cf le phénomène Napster), à l'identité
(multiplication des pseudos et des adresses mail), à la communication
interpersonnelle (succès phénoménal des sms
et du chat) . POUR LA PREMIERE FOIS, le public connaît et
domine AVANT les artistes les outils d'expression (web, chat, 3D
(jeux video), streaming (diffusion de vidéo en temps réel
via le web) . Cette inversion des rapports de pouvoir serait-elle
pour partie responsable de la frilosité des artistes et des
institutions vis-à-vis des Nouvelles Technologies?
Concours multimédia du service
général de l'audiovisuel et des multimédia
Ignorant les "Arts Electroniques",
le Service Général de l'Audiovisuel et des Multimédia
(www.cfwb.be/av/)
organise néanmoins depuis 1999 un concours multimédia
dont l'objet... et la somme allouée varient suivant les années
!
En 1999, le concours, doté de 3.500.000 fb, est destiné
à "valoriser les ressources de l'audiovisuel dans la
production de programmes sur supports numériques interactifs
(...)." Bref, transposer sur cd-rom le patrimoine audiovisuel.
En 2000, le concours, raboté d'un million (2.450.000fb),
attire 16 projets qui "s'articulaient principalement autour
de trois thèmes : la littérature (poésie, uvre
de Simenon, proverbes, Daily-Bul), l'enseignement et les loisirs
(jardinage (sic), création artistique, base de données
personnalisée) ."
En 2001, réduit à 2.055.000
fb (50.942 euros), l'objet du concours est recentré : "les
projets devront allier l'originalité des contenus à
la Culture ou à l'Audiovisuel." En 2002, nouvelle diminution
: 24.789 euros (1.000.000fb) et une définition minimaliste
: "un concours de production réalisé à
l'aide des technologies nouvelles".
Jusqu'en 2001, le jury est constitué essentiellement de gens
de cinéma et de télévision ! L'édition
2002 évolue vers un jury plus ciblé, mais le règlement
exclut toujours les projets en ligne (site web). A l'épicerie
de la Communauté française, on en veut pour son argent
et il faut un (bel) objet à montrer... au mépris de
la réalité du marché (faillite des cd-roms/dvd-roms
culturels) et des réalités budgétaires (24.789
euros permettent la production d'un site web de qualité,
pas d'un cd-rom) .
Aujourd'hui, malgré les sommes allouées,
aucun des trois premiers lauréats n'a finalisé son
projet (La Rétine de Plateau pour le projet de cd-rom "De
Joseph à Marie : l'exposition virtuelle du cinéma
belge", In Ovo pour le projet de cd-rom "Une grosse de
Daily-Bul", Image Réalité HM pour son projet
de dvd-rom "Les voyages de Georges Simenon") . Le prix
2002 a été attribué à la compagnie théâtrale
Le Cri, sous réserve de développement concret de son
projet "Métamorphoses".
Quelques liens:
BELGIQUE
www.jodi.org
www.tellamouse.be.tf/
www.entropy8zuper.org/
www.confetti.org/
www.10pm.org
www.transcultures.net
www.imal.org
www.constantvzw.com
www.nadine.be
www.all2all.org
www.umanas-projects.org/home.htlm
aleph-arts.org/inserts/
www.skor.nl/PanoramicPortraits/
Virtual Platform http://lists.all2all.org/mailman/listinfo/vp
CENTRE NOUVEAUX MEDIAS
www.zkm.de
www.aec.at
www.cicv.fr
www.V2.nl
www.C3.hu
www.m-cult.net
COMMUNAUTÉS/SERVEURS/GALERIES
www.incident.net
www.rhizome.org
www.nettime.org
www.m-cult.net
www.encart.net
hotwired.lycos.com/rgb/
www.walkerart.org/gallery9/
FESTIVALS/EVÉNEMENTS
www.transmediale.de
deaf.v2.nl
www.flashforward.com
www.europrix.org
www.vectorlounge.com
Festival VIA 2003 du 19 au 29 mars Le Manège-Mons: www.lemanege.com
Festival VERBINDINGEN/JONCTIONS 7 du 02 au 24 mai dans le cadre
du KFDA: www.kfda.be
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