Ministère de la Communauté française de Belgique 


l'art même
L'Edito
 
 
CHRISTINE JAMART
Rédactrice en chef
 

La question du droit d'auteur est éminemment complexe en ce qu'elle a trait à la légitimation sociale de l'artiste, à la protection de ses créations - la propriété intellectuelle - et à la reconnaissance de l'irréductible singularité de son œuvre. Mais, tout autant, celle-ci conditionne, en ses applications parfois abusives, le rapport que le public entretient avec la production artistique, bien universel et source de transmission par excellence.
S'il n'est pas concevable de revenir sur l'acquis que constitue, dès 1710 déjà, sous promulgation de la Reine Anne d'Angleterre (Statute of Ann), le droit d'auteur ou d'en dénier le principe, il convient d'insister sur la nécessaire adaptation de ses formulations. Il y va de l'intérêt légitime du plus grand nombre d'avoir accès à un patrimoine collectif. En 2001, la Commission européenne, consciente de certaines dérives, établissait une liste d'exceptions en laquelle chaque membre de l'Union avait à puiser. A ce jour, la Belgique ne s'est toujours pas prononcée…
En ce dossier consacré au droit d'auteur étendu au droit de suite et, dans le contexte spécifique de l'économie du numérique, au copyleft - mouvance qui a désormais gagné le secteur des arts plastiques (licence Art Libre) -, "l'art même" donne la parole à des juristes établissant avec précision le cadre légal du droit d'auteur - où l'on peut constater qu'il n'y a pas toujours, tel dans le cas des "ready-made", adéquation entre la notion d'œuvre au sens de l'histoire de l'art et au sens du droit d'auteur -, à un conservateur qui nous livre les freins que peuvent constituer certaines applications de ce droit sur les activités notamment éditoriales d'une institution muséale, à un critique d'art indexant divers enjeux liés au droit d'auteur et à un économiste énoncant les effets négatifs du droit de suite.

 

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