Ministère de la Communauté française de Belgique 


l'art même
L'Edito
 
 
CHRISTINE JAMART
Rédactrice en chef
 

En ces temps d'inflation de grandes messes internationales, à peine la 51e Biennale de Venise a-t-elle atteint sa vitesse de croisière que se profilent déjà celles de Lyon (Expérience de la durée, sous commissariat de Nicolas Bourriaud et de Jérôme Sans, du 14.09 au 31.12.05) et d'Istanbul (sous commissariat de Charles Esche et Vasif Kortun, du 16.09 au 30.10.05).
Saoulés par ce rythme effréné, amateurs et professionnels se mettent à guetter les signes avant-coureurs d'une manifestation d'envergure internationale capable de resserrer un propos devenu par trop pléthorique et dilué, challenge ayant sans nul doute pesé sur les épaules du binôme féminin, Maria de Corral et Rosa Martinez, respectivement à la tête des deux expositions phares de la Sérénissime, L'expérience de l'art (Pavillon italien des Giardini) et Toujours un peu plus loin (Arsenal).
Or, malgré une sélection nettement restreinte et assumée par les seules commissaires, sans délégation curatoriale aucune, force est de constater l'échec de pareille entreprise, en termes de vision articulée, sinon cohérente, d'un pan récent de l'art contemporain.
Nonobstant la présence et la découverte de très bonnes pièces de part et d'autre, la première exposition tend à céder au formalisme (1), voire à des rapprochements littéraux alors que la seconde, placée sous l'enseigne du voyageur romantique inspiré de Corto Maltese, héros du romancier et bédéiste vénitien Hugo Pratt, engage une sélection inégale et un parcours quelque peu confus en le voisinage d'installations portées soit par une revendication identitaire à relents féministes principalement, soit par un engagement sur le terrain socio-politique, y réactivant parfois, fait intéressant, la notion d'utopie. Refusant toutefois de concéder à l'esprit chagrin, la rédaction a fait choix, au travers de deux articles posant un regard décanté, l'un sur les participations nationales, l'autre sur ces deux manifestations, de pointer quelques démarches suscitant intérêt et questionnement.

(1) Le Lion d'or décerné à Thomas Schütte (D), à qui L'expérience de l'art consacre une salle entière occupée de modèles féminins de bronze et d'acier empreints d'un certain "retour à l'ordre", est, à ce titre, éloquent, le communiqué de presse justifiant le choix du jury, par le fait que "dépeignant la figure humaine, le travail pose ainsi des questions sur la modernité et le rôle de l'individu " et que l'artiste " rajeunit les procédés classiques tout en maintenant une distance critique vis-à-vis de la tradition héroïque " … !

 

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